Le courriel après lequel Chelsea Stewart attendait allait changer sa vie.
Elle allait savoir si elle devenait membre de l’équipe nationale féminine
de soccer du Canada qui irait aux Jeux olympiques d’été de 2008 à Beijing.
Le seul problème, c’est que la ville de Vancouver — où la milieu de terrain
habitait à l’époque — était affectée par une panne d’électricité.
« Je n’avais pas accès à mes courriels ni à rien d’autre », se remémore
Stewart, qui agit aujourd’hui à titre de responsable des activités hockey à
Hockey Canada. « J’ai téléphoné à ma mère et à mes meilleurs amis pour
qu’ils essaient de consulter mes courriels. »
Elle n’avait malheureusement pas été sélectionnée à l’équipe, mais son
parcours vers les Jeux olympiques n’en était pas pour le moins terminé.
Tandis qu’elle était à la maison avec sa famille dans l’État de Washington,
Stewart a reçu l’appel de l’un des responsables de la troupe canadienne.
L’attaquante Amber Allen devait déclarer forfait en raison d’une blessure à
une jambe, et on envisageait la possibilité d’accueillir la jeune Stewart,
alors âgée de 18 ans, dans l’équipe pour le tournoi olympique. La seule
préoccupation était l’entorse à la cheville qu’elle avait récemment subie.
« Je driblais le ballon dans ma cour arrière pour m’assurer que j’étais en
mesure d’y aller, parce que ce n’était évidemment pas une occasion que je
voulais rater », explique-t-elle.
Peu de temps après, elle a fait le voyage vers Beijing en tant que joueuse
substitut. Cependant, le moment qui l’a réellement fait sentir comme une
athlète olympique est survenu quatre ans plus tard, quand elle attendait à
nouveau de savoir si elle s’était taillé une place au sein de la formation
olympique.
« Mon frère et ma mère m’accompagnaient. Ils étaient tellement nerveux,
même plus que moi! Après l’appel, nous avons célébré ensemble. »
Stewart affirme qu’en marge des Jeux de 2012 à Londres, son équipe avait
quelques objectifs : apporter une contribution significative, faire du
soccer un sport meilleur et grimper sur le podium. Malgré qu’elle fît
figure de négligée, Équipe Canada a gagné une médaille de bronze. Pour la
première fois depuis Berlin 1936, le Canada remportait une médaille
olympique dans un sport traditionnel d’équipe des Jeux olympiques d’été.
« Accomplir ces objectifs a évidemment été la concrétisation d’un rêve »,
confie Stewart, qui a participé à quatre parties à Londres. « Je pense que
cet exploit a permis de démontrer aux gens qu’il est possible d’avoir un
impact sur les autres et qu’on peut réaliser ses rêves. »
***
Stewart a entrepris son parcours vers une médaille olympique à l’âge de
cinq ans, avec un peu d’inspiration de sa sœur aînée, Emily.
« Je voulais faire tout ce qu’elle faisait. Plus jeune, elle était mon
idole, et c’est toujours le cas. Je regardais ses matchs de soccer à partir
des lignes de côté, je demandais à ma mère d’aller voir Emily s’exécuter
sur le terrain. »
Sa passion pour le soccer s’est fait sentir dès ses débuts et s’est
intensifiée au fil de sa progression dans cette discipline. Stewart a même
eu la chance de jouer aux côtés de sa sœur.
Ce n’est pas avant la Coupe du monde féminine de la FIFA de 1999, quand
elle avait neuf ans, que la milieu de terrain a compris que son amour pour
le soccer pourrait l’amener à jouer à un niveau supérieur que le sport
local. Neuf ans plus tard, Stewart accédait au programme de l’équipe
nationale. Elle a gagné l’or avec Équipe Canada au Championnat U-20 2020 de
la CONCACAF et, en 2009, elle a été nommée Joueuse canadienne U-20 de
l’année. À titre de membre de l’équipe senior, Stewart a gagné des
médailles à chacune de ses quatre présences à la Coupe de Chypre, obtenant
notamment l’or en 2011. Elle a aussi joué à la Coupe du monde féminine 2011
de la FIFA ainsi qu’aux Jeux panaméricains de 2015 à Toronto.
Son amour pour le soccer est indéniable, mais Stewart est également
passionnée par le hockey. Même si elle admet « qu’elle n’était pas une
grande hockeyeuse », elle a joué jusqu’à l’âge de 14 ans. Tout le monde
dans sa famille a pratiqué le hockey ou s’est impliqué dans ce sport à un
moment ou à un autre.
Son père, Bill, a porté les couleurs d’Équipe Canada avant les Jeux
olympiques de 1984 à Sarajevo. Il a aussi joué pour l’Université de Denver.
Sélection de septième tour des North Stars du Minnesota en 1980, il a
évolué dans les filiales du club pendant deux ans. Bill a aussi contribué à
créer deux équipes des ligues mineures, soit les Eagles du Colorado et le
Wild de Wenatchee.
« Il a toujours contribué au démarrage d’équipes et participé au
fonctionnement de celles-ci », fait remarquer Stewart. « Grâce à lui, j’ai
toujours gravité dans le monde du hockey, et j’adore le sport international
en général. C’est ce qui m’a menée vers Hockey Canada. »
***
Ça fait neuf ans que Stewart a mis la main sur sa médaille de bronze, mais
presque toutes ses coéquipières s’impliquent encore dans le sport.
Certaines participent en ce moment aux Jeux olympiques à Tokyo, d’autres
travaillent dans le domaine de l’entraînement ou des communications, et il
y en a qui, comme Stewart, occupent un poste administratif.
« C’est une passion », admet Stewart à propos de son emploi dans monde du
sport. « Ce feu ne s’éteint jamais, surtout quand on a consacré une si
grande partie de sa vie à une activité sportive. Il est encore bien
présent. »
L’aspect du travail d’équipe associé au fait d’œuvrer dans le domaine
sportif a été l’une des raisons qui ont poussé Stewart à joindre les rangs
de Hockey Canada il y a deux ans.
« Pour moi, le fait d’avoir été d’abord une athlète, puis une partisane,
pour ensuite aider nos athlètes de l’avenir en hockey, c’est quelque chose
d’excitant, car je sais ce que vivent nos athlètes. »
À l’amorce de la reprise du hockey au pays, Stewart affirme qu’il s’agit
d’un premier signe de normalité. Parmi ses tâches au cours des prochains
mois, elle aura à aider Équipe Canada à se préparer en vue des Jeux
olympiques d’hiver de 2022 à Beijing. Le lieu de l’événement lui rappelle
des souvenirs.
« C’est un peu un retour aux sources pour moi », philosophe-t-elle. « Je
suis vraiment enthousiaste à l’idée d’aider nos équipes à être fin prêtes.
»
Sa médaille de bronze rangée dans un tiroir sous son lit, Stewart a bien
l’intention d’encourager ses anciennes coéquipières qui se trouvent à
Tokyo.
« Dans les souliers d’une partisane, les émotions ressenties sont
différentes. Mais je peux aussi apprécier un peu plus l’expérience.
Évidemment, je ressens pas mal moins de pression. »
« J’adore me retrouver dans cette situation et observer des personnes qui
sont importantes pour moi faire la fierté de notre pays. »