Demandez à n’importe quelle des 23 joueuses de l’équipe nationale féminine
des moins de 18 ans du Canada ce que signifie représenter leur pays, et
vous aurez probablement diverses versions de la même réponse : c’est un
rêve qui se concrétise.
Pour l’une d’entre elles, l’avant Maggie Connors, un aperçu de ce rêve il y
a sept ans l’a motivée à s’assurer qu’il devienne réalité.
Lorsque l’équipe nationale féminine du Canada s’est rendue à St. John’s,
Terre-Neuve-et-Labrador, pour la Coupe des 4 nations 2010, une jeune
joueuse de hockey local a eu l’occasion de vivre un rêve; elle a passé une
journée avec l’équipe, sur la patinoire et à l’extérieur de celle-ci.
Susan, la mère de Connors, avait inscrit sa fille de 10 ans à un concours.
Maggie a été choisie pour accompagner l’équipe avant le match, patiner avec
elle lors de l’échauffement et se rendre dans le vestiaire après le match.
« J’étais très gênée et nerveuse, surtout parce que j’étais si jeune, mais
je crois que la raison était que j’étais en état de choc », dit Connors.
« Je les avais toujours vues à la télé. C’est comme rencontrer votre
idole. »
La première joueuse que Connors a rencontrée était Natalie Spooner, sa
mentore pour la journée. Les deux ont fait un brin de jasette avant que
Spooner la présente aux autres dans le vestiaire. Spooner, qui avait alors
à peine 20 ans, a laissé une impression indélébile sur la jeune fille.
« Elle est sans doute ma joueuse préférée à cause de cette journée-là »,
dit Connors. « Parce que j’ai pu créer un lien personnel avec elle en
passant quelques heures avec elle et en communiquant avec elle après
l’avoir observée. »
Connors a visité le vestiaire des entraîneurs et rencontré quelques membres
du personnel de l’équipe. Elle a ensuite enfilé son équipement et s’est
avancée sur la glace avec l’équipe. Pour une joueuse qui porte le numéro 22
avec ses équipes de clubs, l’expérience était hors de ce monde.
« Je me souviens d’être aux côtés de Hayley Wickenheiser dans le coin et
d’être en état de choc, évidemment, parce qu’une des meilleures joueuses au
monde était à côté de moi et que j’avais 10 ans; je me tenais là à la
regarder et je patinais avec elle en portant un vrai chandail d’Équipe
Canada », dit Connors. « Ce fut un moment spécial. » Connors a ensuite pris
place à côté de la capitaine dans le vestiaire pendant les discours
d’avant-match des entraîneurs.
Elle a été témoin de l’engagement et du dévouement requis pour être une
athlète de l’élite. Mais ce ne furent pas le talent et la vitesse des
joueuses qui l’ont le plus impressionnée. Ce qu’elle a retenu n’avait pas
vraiment trait à leur jeu, mais plutôt à la façon dont elles se
comportaient.
« C’était leur professionnalisme », dit-elle. « C’était leur accueil
chaleureux et leur gentillesse. C’est une des choses que j’ai apprises –
être une joueuse de hockey au sein d’Équipe Canada, ce n’est pas seulement
avoir des habiletés et du talent et être une bonne joueuse de hockey; c’est
aussi être une bonne personne. »
Son état d’esprit a changé. Soudainement, les choses ne lui semblaient plus
si loin.
« Étant originaire de Terre-Neuve et si jeune, je voyais Hockey Canada
comme la LNH – c’était si loin, et de savoir qu’ils étaient venus jusqu’à
moi... », dit Connors. Faire partie du monde des joueuses, même pour une
journée, lui a permis de réaliser ce qu’elles faisaient. « Ça m’a motivé
encore plus à vouloir faire partie de l’équipe. Je voulais faire ce
qu’elles faisaient. Je voulais faire partie de cette équipe et prendre
place sur la ligne bleue pour entendre notre hymne national. »
Sept ans après avoir gagné le concours qui lui a permis de s’intégrer à
Équipe Canada ce jour-là, Connors s’est taillé une place au sein de
l’équipe nationale féminine des moins de 18 ans du Canada.
Même avant son expérience à la Coupe des 4 nations, Connors avait songé à
jouer à un niveau plus avancé. Elle s’était déjà rendue à Toronto pour
jouer avec des équipes estivales. À 12 ans, elle s’est inscrite à l’école
privée Shattuck-St. Mary’s à Faribault au Minnesota.
Depuis ce temps, elle a pris part à trois championnats nationaux de la
haute performance – les Jeux d’hiver du Canada 2015 avec Équipe
Terre-Neuve-et-Labrador et les Championnats nationaux féminins des moins de
18 ans 2016 et 2017 avec Équipe Atlantique – ainsi qu’à une série de trois
matchs contre les États-Unis l’été dernier avec l’équipe nationale des M18.
Elle a remporté trois championnats nationaux (2014-2016) avec l’équipe des
moins de 16 ans de Shattuck-St. Mary’s dont elle a été la capitaine lors
des deux dernières saisons, accumulant une moyenne de plus d’un point par
match à chacune d’entre elles. Cette année est sa première au sein de
l’équipe des moins de 19 ans.
Connors a appris que le succès survient lorsque des gens d’endroits
différents s’unissent, s’appuient et travaillent ensemble vers un but
commun. Les membres de son équipe de club habitent, mangent, s’entraînent
et jouent ensemble chaque jour, et le même principe s’applique à un tournoi
à court terme comme le Championnat mondial féminin des M18 2018 de l’IIHF
pour lequel Connors et ses coéquipières d’Équipe Canada ont été réunies
seulement 10 jours avant l’événement.
« Ce n’est pas toujours une question de hockey », dit-elle, « c’est surtout
une question de la chimie qui existe au sein de votre équipe. »
Elle n’a que 17 ans, mais Connors espère accomplir beaucoup plus en
commençant par donner au Canada sa première médaille d’or du Mondial
féminin des M18 depuis 2014. L’an prochain, elle fréquentera l’Université
de Princeton où elle tentera d’ajouter à sa collection de championnats
nationaux. Et après cela – dans quatre, voire huit ans –, elle espère être
debout sur la ligne bleue comme membre de l’équipe nationale féminine du
Canada pour écouter son hymne national aux Jeux olympiques d’hiver,
réalisant ainsi un autre rêve.