Mon amputation a eu lieu le même jour que le repêchage de l’OHL dont j’avais prévu faire partie. Après ma chirurgie – et pendant les cinq mois de chimiothérapie qui ont suivi –, je n’avais aucune idée de qui j’étais ni de ce que j’allais devenir. Malgré toutes les personnes incroyables qui m’entouraient, je me sentais seul au monde.
L’un des avantages, cependant, a été de pouvoir assister aux grandes rivalités du hockey sans arrêt. C’était l’occasion d’échapper à la réalité. C’est devenu ma religion. Comme partisan de Sakic, la rivalité Red Wings-Avalanche de la fin des années 1990 a toujours été ma préférée. Regarder ces matchs m’a aidé à traverser certains des moments les plus sombres de cette période. Le hockey était toujours là pour détourner mon attention, pour me donner de l’espoir et me procurer une source de motivation – même quand je ne savais pas si j’allais pouvoir jouer à nouveau.
La partie la plus difficile? Il ne s’agissait pas de vaincre le cancer ni de surmonter l’amputation. Non, j’avais tout l’amour, le soutien et les ressources du monde pour mener cette bataille.
J’avais mon héros, Terry Fox, dont l’héritage m’a permis de survivre.
J’avais mes médecins, infirmières et autres membres du personnel médical. Leur magie m’a littéralement sauvé la vie.
Puis, j’avais ma famille, mes amis et mes coéquipiers. Ils étaient à mes côtés chaque étape, littéralement. Ma mère, mon père et ma sœur ont dû faire des milliers de voyages entre Forest et London cette année-là. C’est l’une de ces questions auxquelles vous ne semblez pas trouver de réponse : comment pourrais-je un jour les remercier pour ce qu’ils ont fait pour moi? J’aime ma famille plus que je ne pourrai jamais l’articuler à l’aide de mots.
Non, la partie la plus difficile fut ma bataille interne. Me sortir du coin le plus froid et le plus sombre et décider que ma vie n’était pas terminée. Elle ne faisait que commencer, et faire les choses à moitié ne fait vraiment pas partie de mon ADN. J’avais été privé de hockey pendant près de deux ans, à quelques exceptions près. Je me suis donc lancé corps et âme dans quelque chose de nouveau. Un sport qui est à la fois presque identique et différent. Un sport qui a ravivé la flamme en moi. Un sport dans lequel je pourrais finir par exceller.
C’est à ce moment que j’ai commencé à jouer au parahockey, après y avoir été initié par d’anciens entraîneurs.
C’était étrange de commencer à pratiquer un sport identique à bien des égards. C’est un sport que j’avais pratiqué toute ma vie, mais j’ai dû adapter ma façon de jouer du tout au tout, sans utiliser mes jambes.
La transition me semblait plus technique qu’autre chose – devoir apprendre de nouvelles compétences qui comprenaient l’utilisation du haut de mon corps et de mon torse, afin que je puisse les appliquer aux connaissances, aux habiletés et aux instincts que j’avais développés depuis le jour où j’avais appris à me tenir debout.
J’ai eu droit à une leçon d’humilité, et elle a été incroyablement difficile. Alors je me suis adapté – dans mon entraînement, mon état d’esprit, ma perspective.
Neuf ans plus tard, la leçon d’humilité se poursuit, et ce sera toujours le cas. Ça explique en partie pourquoi j’adore ce sport. Ces obstacles qui se présentent sans cesse et vous obligent à apprendre, à vous adapter et à surmonter les défis.
Surtout après avoir pensé que mes rêves de hockeyeur étaient terminés, le parahockey était exactement ce dont j’avais besoin. Après m’être senti perdu, ça m’a procuré une nouvelle direction.
Ce n’était pas seulement une chance de jouer à nouveau; je voulais jouer pour Équipe Canada. Je ne me suis jamais contenté de simplement participer. Je veux être le meilleur au monde. Alors j’ai fait ce que fait un enfant issu d’une famille de cols bleus... je me suis mis au travail.