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Dans mes propres mots : Akilah Thomas

La mère d’Akil Thomas, le héros du Mondial junior 2020, parle de sa vie comme mère de hockeyeurs, de sa réaction au but historique de son fils et de l’importance du hockey pour sa famille et elle

Akilah Thomas
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10 février 2021
|

Akil savait qu’il allait marquer. Je le savais aussi.

Le matin du match pour la médaille d’or du Championnat mondial junior 2020 de l’IIHF, Akil m’a textée. Dans notre famille… nous croyons à la visualisation. Nous nous représentons mentalement la concrétisation de nos désirs. Et Akil a visualisé qu’il allait marquer. Lorsqu’il se fixe un objectif, il fait tout en son pouvoir pour l’atteindre.

Il m’a écrit : « Maman, je vais compter le but gagnant. » Ça m’a remplie de joie.

J’ai la chair de poule quand j’en parle. Comme parent, c’était difficile de le voir sur le banc pendant la majorité du match. Je sais comment il réagit et je sais ce à quoi il pensait à ce moment.

Mais il a obtenu sa chance. Avec moins de quatre minutes à jouer, Dale Hunter l’a envoyé sur la glace. Tout ce qu’Akil avait visualisé se réalisait. Ça allait se produire. Il avait la rondelle, il l’a poussée hors de portée du défenseur russe. Puis…

L’image a figé.

Soudainement, il n’y avait plus rien à l’écran. Que s’est-il passé?

Textos et appels ont commencé à entrer. Quand le téléviseur s’est remis en marche, les gars célébraient. Nous avons vu la reprise. C’était la folie furieuse dans la maison. J’ai éclaté en sanglots. Je pleurais sans retenue.

C’était tellement gratifiant, parce que je savais qu’il rongeait son frein sur le banc. Mais il a fini par marquer, comme il m’avait promis de le faire. Il a tenu parole. Sa visualisation a fonctionné.

Quand il a inscrit ce but, je me suis souvenue de chaque entraînement. Chaque nez qui coule, chaque match, chaque ville, chaque déménagement – toute sa vie m’est venue à l’esprit à ce moment en or, si parfait. Il n’y avait rien d’autre qui comptait. Tout le reste s’est effacé.

Ce moment s’est produit grâce à un match, à un pays, à un entraîneur et à un petit garçon qui a osé rêver. Voilà ce qu’a signifié ce moment pour moi.

Nous avons été inondés d’appels, de textos et de messages. Je crois que tous les membres de notre famille ont communiqué avec nous, y compris les deux arrière-grands-mères d’Akil, qui vivent à la Barbade. Nous avons reçu une dose énorme d’amour et de soutien de chaque endroit où nous avons habité : Oklahoma, Memphis, Michigan, Orlando, Miami, Tampa et Jacksonville. C’était simplement incroyable.

Et tous ceux qui ont communiqué avec nous avaient joué un rôle, parfois grand, parfois petit, dans notre parcours comme famille au hockey.

J’ai immigré au Canada de la Barbade en 1986. Le hockey ne faisait pas vraiment partie de notre réalité. Nous ne connaissions que notre vie tropicale. Nous avons déménagé à Toronto, et ce fut un premier choc, car c’était l’hiver. Nous restions à l’intérieur la plupart du temps. Les hivers étaient beaucoup plus longs que les étés.

À l’école secondaire, j’ai rencontré Kahlil, le père d’Akil, qui jouait au hockey junior à cette époque. Environ un mois plus tard, il m’a demandé si je voulais assister à un match de hockey. Je suis donc allée à l’aréna et… il faisait froid. Très froid. Mais je n’ai jamais cessé d’aller à l’aréna depuis. C’était d’abord pour le hockey de Kahlil, puis celui d’Akil et enfin celui d’Akyn, mon plus jeune. J’étais une femme de hockeyeur, puis une mère de hockeyeurs, et j’aimais ça.

Et comme Kahlil jouait et devait déménager souvent, nous l’avons suivi, en famille. Il est passé de Pensacola à Flint, à Memphis, à Oklahoma City, à Jacksonville et, enfin, à Orlando. Après quelques années, c’était toujours une nouvelle équipe, dans une nouvelle ville et un nouvel État.

Akil a commencé à patiner deux jours avant son deuxième anniversaire. À l’âge de deux ans et demi, il s’est joint à une équipe. Il était tout petit, il parlait à peine, mais il était prêt à jouer. Le problème consistait à lui dénicher de l’équipement. Nous habitions alors à Memphis, et c’était impossible de trouver de l’équipement suffisamment petit pour lui. C’est finalement Mike, l’oncle d’Akil qui demeurait à Toronto, qui est venu nous livrer lui-même de petits gants et de petites jambières au Tennessee.

Au fil du temps, nous sommes passés de deux enfants à trois, à quatre, puis à cinq. Nous avions constamment des engagements et des activités. Si ce n’était pas le hockey, c’était les cours de chant ou le ballet. Ou alors un de nos enfants devait aller magasiner. Ça nous a obligés à rester dégourdis et ça rendait notre vie excitante.

Quand venait le temps de déménager à nouveau, on passait à l’action. On ne s’attardait pas à la question. Ce n’était pas stressant, nous faisions le ménage, emballions nos biens et partions vers notre prochaine destination. La première chose que nous faisions après avoir défait nos boîtes était de trouver une équipe pour Akil.

Je ne dirai jamais assez de bien de la communauté du hockey. Chaque fois que nous déménagions, c’était comme découvrir une nouvelle famille. C’est un aspect absolument remarquable du hockey. Au sein de chaque équipe de Kahlil, un comité d’accueil nous aidait à apprivoiser notre milieu et à naviguer dans notre nouvelle ville.

Parce que nous passions tellement de temps avec elles, j’ai appris à connaître les femmes des coéquipiers de Kahlil et les mères de ceux d’Akil. Il y avait toujours des soirées de jeu et des soirées de filles, ou alors nous allions au spa. À vrai dire, c’était très amusant de vivre dans différentes villes. J’ai beaucoup aimé cette étape de ma vie, qui m’a donné des amitiés qui perdurent.

Akil avait environ 10 ans quand nous avons constaté qu’il lui serait bénéfique d’affronter une opposition plus relevée. Il disputait plein de tournois sur la côte est, et nous avons rencontré un groupe de parents de Toronto qui étaient d’avis qu’Akil s’y débrouillerait très bien. Puis, quand Akil a participé au tournoi The Brick à Edmonton, à l’été de 2010, il a terminé en tête des meilleurs pointeurs. Je crois que c’est à ce moment qu’il a vraiment décidé qu’il était un joueur de hockey « canadien ».

J’avoue que je n’étais pas convaincue. J’étais enceinte, et nous venions de nous installer à Orlando. J’aimais le climat chaud. Kahlil avait pris sa retraite, et c’était enfin le temps pour nous de prendre racine. Mais nous avons fait un voyage à Toronto pour y visiter quelques écoles. Akil a été séduit, et nous étions ainsi confrontés à une autre décision. L’envoyer là-bas en pension ou partir avec lui?

Ultimement, la décision fut facile. La récession s’installait aux États-Unis, notre famille se trouvait à Toronto et, surtout, c’était la meilleure option pour Akil. Nous avons donc renoué avec les entraînements à 6 h du matin par temps froid et les bouchons de circulation sur la 401 dans cet autre nouveau départ dans une nouvelle ville.

Notre famille a grandement profité de cette décision. Nous étions proches des grands-parents, des cousins, des oncles et des tantes, et Akil a pu franchir une étape de plus dans son parcours. Il a passé deux saisons avec les Young Nationals de Toronto et trois saisons avec les Marlboros de Toronto, avant d’être sélectionné en première ronde par Niagara lors du repêchage de l’OHL.

Petite anecdote amusante : lorsque j’étais enceinte d’Akil en 1999, je travaillais pour un imprimeur à Toronto. Des années plus tard, longtemps après mon départ, les propriétaires de l’entreprise ont tout vendu et ont acheté une équipe de hockey junior : les IceDogs de Niagara. Nous avons eu droit à une réunion inattendue lorsque nous sommes allés à St. Catharines à la suite du repêchage d’Akil. Il y avait même d’anciens employés de l’imprimeur qui travaillaient pour les IceDogs. C’était vraiment un drôle de hasard, mais je me sentais très à l’aise de leur confier Akil. Je savais qu’il était entre bonnes mains.

La carrière d’Akil a pris son envol dès sa première saison à Niagara. Sur la scène internationale, il a représenté le Canada au Défi mondial de hockey des moins de 17 ans, à la Coupe Hlinka-Gretzky, à deux éditions du Championnat mondial des M18 de l’IIHF et, évidemment, au Mondial junior. À sa dernière saison à Niagara, il a été nommé capitaine et a été sélectionné en deuxième ronde par Los Angeles au repêchage 2018 de la LNH. Au cours de la dernière semaine, il a entamé sa carrière professionnelle dans l’AHL. Je suis immensément fière de ce qu’il a accompli.

Je l’ai toujours encouragé à repousser ses limites – que feras-tu de ton succès? Il veut prendre tous les moyens possibles pour avoir un impact sur la vie d’autres enfants. J’ai cofondé un organisme sans but lucratif, The DNA Brand, par l’intermédiaire duquel nous avons adopté un village d’orphelins au Ghana en mars dernier.

À Noël, Akil est parvenu à rallier un groupe de joueurs de la LNH, de partisans, d’amis et de proches afin d’amasser des fonds pour organiser la toute première fête de Noël de ces enfants. C’était extraordinaire. Depuis, nous avons pu ouvrir une école pour eux, et nous travaillons à leur permettre de jouer au hockey là-bas.

Nous voulons avoir un impact positif sur la vie des autres, que ce soit par une conversation, une relation de mentorat ou simplement en donnant l’exemple.

Être une femme spontanée et faire les choses sur un coup de tête ne me venaient pas naturellement. Dans le milieu du hockey, un échange peut survenir à tout moment. Tu peux être libéré d’une équipe. Le match peut aller en tirs de barrage. Comme mère, l’heure du dodo, les traditions et tout le reste étaient relégués à l’arrière-plan – notre vie tournait autour d’un horaire de hockey.

C’est en vivant et en aimant cette expérience que j’ai appris à devenir tel un caméléon. J’ai développé ma tolérance et mon laisser-aller par rapport aux petits désagréments. J’ai appris à faire des sacrifices. J’ai appris à être patiente. J’ai appris à faire preuve de flexibilité et à changer de cap rapidement.

Être la mère de hockeyeurs m’a appris comment montrer à mes enfants ce que signifie la force. Non seulement la force physique, mais aussi la force émotionnelle et mentale. J’ai appris à reconnaître à quel point Akil est chanceux de se trouver dans sa position actuelle, où il a le pouvoir de redonner aux autres pour qu’ils puissent vivre une expérience similaire, voire meilleure.

J’ai appris que je pouvais partager mes trucs, mon état d’esprit, mes habitudes, mes horaires et mon amour… pour soutenir d’autres enfants, pas seulement les miens.

Même si je n’y ai jamais joué, le hockey a forgé une grande partie de mon identité. Je suis fière de ce que je suis devenue grâce à ce sport. Et en voyant l’homme merveilleux qu’il a permis à mon fils de devenir, je suis une mère comblée.

Pour plus d'informations :

Esther Madziya
Responsable, communications
Hockey Canada

(403) 284-6484 

emadziya@hockeycanada.ca

 

Spencer Sharkey
Responsable, communications
Hockey Canada

(403) 777-4567

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(647) 251-9738

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