Prenez l’autoroute 11 vers Regina en direction sud-est à partir de
Saskatoon, et vous arriverez à la petite municipalité rurale de Davidson
après avoir parcouru environ 104 kilomètres.
Le village abrite notamment la plus grosse cafetière au monde, symbole de
son hospitalité et de sa réputation à titre de lieu traditionnel où
s’arrêter à mi-chemin entre les deux plus grandes villes de la province.
Tous les services auxquels on s’attendrait d’une petite municipalité en
Saskatchewan habituée de servir de point d’arrêt, dont les
stations-service, un Tim Hortons et les autres restaurants locaux, se
trouvent dans le sud du village, d’où l’autoroute se poursuit pendant 146 kilomètres
jusqu’à la capitale provinciale.
À travers un flot constant d’automobilistes qui ne font que passer sur
l’autoroute achalandée, les résidents qui habitent les maisons et les
fermes avoisinantes de Davidson – dont Nolan Allan, défenseur de l’équipe
nationale masculine des moins de 18 ans, les membres de sa fratrie Blake,
Evhan, Kacie et Rylyn, ainsi que leurs parents Kim et Kelly – se
connaissent bien entre voisins grâce à leurs nombreuses interactions dans
la municipalité, que ce soit au centre des loisirs ou au marché
communautaire.
« Notre ferme familiale se trouve à environ 20 minutes du village »,
raconte Allan. « C’est plutôt typique du coin. »
Le joueur de 18 ans (c’est sa fête ce mercredi), qui fait partie des huit
défenseurs invités à représenter le Canada au Championnat mondial des M18 2021
de l’IIHF, est le seul provenant de la « terre des cieux vivants ».
« Le village compte environ mille habitants, qui forment une communauté
tissée serrée » ajoute-t-il. « Tout le monde se connaît. J’ai les mêmes
amis depuis la maternelle. On grandit tous ensemble, on fait tous les mêmes
sports. »
Ce n’est peut-être qu’un petit village en bordure d’autoroute dans le
centre-sud de la Saskatchewan rurale, mais Davidson s’est avéré un lieu
déterminant dans le parcours de l’arrière des Raiders de Prince Albert pour
se mettre en valeur au Mondial des M18 avant le tant attendu repêchage 2021
de la LNH cet été.
L’aréna municipal, qui fait partie d’un complexe récréatif aujourd’hui
nommé le Davidson AGT Centre, ressemble à tant d’autres installations de ce
genre qu’on trouve dans les petites communautés de l’Ouest canadien. Des
publicités de fermes, d’entreprises de construction et de services
commerciaux tapissent les murs aux dessus des bancs, qui se trouvent en
face des gradins de béton érigés d’un seul côté de la grande patinoire de
dimension olympique. Le vestibule s’étend de part et d’autre de la bande,
jusqu’à la ligne des buts, et les chaises qui sont de niveau avec la baie
vitrée, à l’abri des mises en échec et des rondelles errantes, placent les
spectateurs tout près de l’action.
Allan se rappelle de ses débuts sur patins à l’aréna à l’âge de quatre ans,
en compagnie de ses parents et de son frère aîné Blake, qui, en tant que
membre des Pats de Regina, a été son adversaire pendant la saison 2019-2020
de la WHL avant de se joindre aux Hitmen de Calgary cette année.
À Davidson, cette municipalité surnommée la « communauté en mouvement » où
les loisirs abondent, Allan prenait régulièrement part aux séances de
patinage libre entre la fin des classes et le début des entraînements
prévus par l’association de hockey mineur de Davidson.
Aujourd’hui, il mise sur sa constance en défensive, son jeu de transition
fondée sur une bonne première passe et sa grande mobilité malgré son
gabarit imposant de 6 pi 2 po et 195 livres, des aspects de son arsenal
qu’il attribue à tout ce temps additionnel passé à l’aréna après l’école.
« Tous les jours, après l’école, il y avait du patinage libre jusqu’à 17 h,
heure à laquelle les entraînements commençaient », se souvient Allan.
« C’était ouvert au public, tout le monde pouvait en profiter. On apportait
des rondelles et on pouvait faire tout ce qu’on voulait, donc c’était assez
plaisant d’avoir ce temps pour patiner et développer des habiletés, au
besoin. »
Lorsqu’il a fait ses débuts chez les M15 et s’est joint aux Broncos AA de
Humboldt, Allan a pu compter sur les sacrifices de ses généreux parents,
qui ont passé d’innombrables heures sur la route pour parcourir avec lui
les 163 kilomètres qui lui permettaient de prendre part aux entraînements
et aux matchs.
« Le trajet prenait une heure et demie à l’aller, donc je dépendais
beaucoup de mes parents », révèle Allan. « On partait tout de suite après
l’école et on revenait autour de minuit, c’était un horaire assez
éprouvant. »
Il y aurait toutefois du renfort pour le duo de parents Kim et Kelly la
saison suivante.
« À ma deuxième année, d’autres joueurs des environs de Davidson ont obtenu
un poste au sein de l’équipe. On a pu faire du covoiturage cette année-là,
ce qui a donné un fier coup de main à mes parents. »
Allan a dominé offensivement au cours de sa deuxième saison avec Humboldt,
pour ensuite conserver un rendement de près d’un point par match dans son
rôle de défenseur l’année suivante avec l’équipe des M18 AAA des Blazers de
Saskatoon (12 buts et 35 points en 39 matchs), ce qui lui a valu le titre
de Meilleur défenseur de la SMAAAHL après sa sélection au troisième rang au
total par Prince Albert en 2018.
Puisqu’ils passaient moins de temps à faire la navette partout en
Saskatchewan pour deux fils doués, Kim et Kelly ont pu chercher comment
encourager leurs deux enfants quand les Raiders et les Hitmen
s’affrontaient pendant la saison recrue de Nolan dans la WHL.
« Mon premier match contre mon frère dans la WHL était un peu bizarre »,
avoue Allan. « On a grandi en jouant ensemble jusqu’à la division des M15,
où il s’est joint aux Hitmen. C’était étrange d’être du côté opposé au sien
sur la glace. »
« Je pense que les pires dans tout ça étaient mes parents, qui ne savaient
plus qui encourager. Ils trouvent cependant le moyen de nous soutenir tous
les deux. »
En ce moment, pour Allan, tous les chemins mènent au Texas, où il
patrouille la ligne bleue pour aider son pays à remporter la médaille d’or
avec l’aide de talentueux coéquipiers qui, comme lui, ont amorcé leur
parcours dans les arénas communautaires.
Une bonne performance en défensive pour son pays peut se traduire par une
hausse de sa valeur au repêchage de la LNH. Sur la plus récente liste des
joueurs à surveiller du Bureau central de dépistage de la LNH, Allan avait
une cote « B », ce qui en fait un candidat pour une sélection au cours de
l’une des trois premières rondes.
« C’est Équipe Canada, donc c’est certain qu’il s’agit d’une formation
talentueuse », affirme-t-il. « On vise l’or, évidemment, comme chaque
année, donc on espère qu’il y aura une belle chimie au sein de l’équipe et
qu’on atteindra notre but. »