Quand elle était plus jeune, Raphaëlle Tousignant était très sportive. Même
si elle a fait face à de l’adversité pour se rendre là où elle est
aujourd’hui, elle est tout de même parvenue à devenir la première femme à
jouer pour l’équipe nationale de parahockey du Canada lors d’un événement
international majeur.
Enfant, elle a essayé le plus de sports possible, mais sa passion, elle l’a
trouvée quand elle a découvert la ringuette à l’âge de huit ans.
« C’était mon sport », lance Tousignant. « J’ai vraiment aimé ça. Je vivais
pour la ringuette. »
Pendant une partie, Tousignant a chuté sur sa hanche droite, et une bosse a
commencé à prendre forme. Ni elle ni sa famille ne se doutaient que des
conséquences à long terme se feraient sentir.
« C’était vraiment douloureux », confie-t-elle. « Ça ne faisait pas mal
seulement lorsque je bougeais. Ça m’a donc rendue encore plus active, car je
ne ressentais pas de douleur quand je courais ou faisais du sport. »
Comme la douleur et la bosse ne diminuaient pas, Tousignant a consulté sa
médecin de famille. Dès lors, c’est devenu évident que quelque chose ne
tournait pas rond. Les tests à l’Hôpital de Montréal pour enfants ont mené à
un diagnostic d’ostéosarcome, un cancer des os qui atteint surtout les
enfants.
Elle a commencé des traitements intensifs de chimiothérapie, mais la tumeur
était toujours là; Tousignant a subi une chirurgie de 12 heures pour
l’amputation de sa jambe droite, de sa hanche et d’une partie de son bassin.
Un mois avant son amputation, la jeune de 10 ans avait un désir ardent de
retourner sur la glace, croyant que ce serait sa dernière chance.
« Dans ma tête, je me disais que je ne pourrais plus faire du sport après
mon amputation, que je ne retournerais pas sur la patinoire »,
raconte-t-elle. « Donc, j’ai demandé s’il était possible que j’y retourne
une dernière fois pour savourer le moment et passer à autre chose ensuite. »
Accompagnée des membres de son équipe et de sa famille, Tousignant a été en
mesure de jouer un dernier match de ringuette avant son opération du 17
octobre 2012. Un an après l’amputation, tandis que Tousignant s’adaptait à
sa nouvelle réalité, son père a commencé à effectuer des recherches sur des
sports qu’elle pourrait pratiquer, idéalement sur la glace.

Raphaëlle Tousignant.
C’est à ce moment que la jeune fille a appris l’existence du parahockey. Une
fois physiquement prête à essayer ce sport, Tousignant s’est rendue à
l’aréna avec sa physiothérapeute et son père.
« Je suis tombée en amour. J’ai aimé le sentiment de retourner sur la glace,
ça me faisait penser à la ringuette », confie-t-elle. « Après cet
entraînement, quand je suis sortie de la patinoire, j’ai dit à mon père
qu’un jour, j’allais faire partie de l’équipe nationale féminine. »
La passion ressentie pour ce nouveau sport sur glace l’a aidée à rapidement
élever son jeu. À l’âge de 14 ans, Tousignant est devenue membre de l’équipe
nationale féminine de parahockey du Canada et s’est rendue en Norvège et en
Tchéquie afin de participer à des tournois internationaux.
Ayant atteint son premier objectif en parahockey si rapidement, Tousignant a
décidé de s’en fixer un autre encore plus difficile à réaliser : représenter
le Canada aux Jeux paralympiques. Mais comme le parahockey féminin ne fait
pas partie du programme paralympique, elle devait se joindre à l’équipe
masculine pour y arriver.
« Tout le monde me disait que c’était impossible d’y arriver, que c’était
irréaliste, que je n’y arriverais pas », raconte Tousignant.
Avec ce nouvel objectif en vue, elle s’est mise au travail. Son jeu s’est
amélioré, et elle a été sélectionnée par l’équipe masculine du Québec
lorsqu’elle avait 16 ans. Et peu de temps après, Tousignant a reçu l’appel
de Hockey Canada en vue du camp de développement de la prochaine génération
de l’équipe nationale de parahockey.
« Tout ça m’a fait croire que mon objectif pourrait se concrétiser »,
exprime-t-elle. « Je pourrais faire partie de l’équipe nationale masculine.
»
Après son premier camp de la prochaine génération en 2019, Tousignant a
écrit une page d’histoire avec Christina Picton; elles sont devenues les
deux premières femmes à jouer pour l’équipe nationale de développement de
parahockey du Canada. Tousignant est retournée au camp de la prochaine
génération en avril 2022 et a reçu une invitation au camp de sélection de
l’équipe nationale de parahockey du Canada en septembre, tout comme Alanna
Mah.
À chaque camp, c’est l’énergie, l’éthique de travail, la communication et la
vision de Tousignant qui ont continué de sauter aux yeux du personnel
entraîneur.
« Elle mérite tout le crédit pour sa progression », lance l’entraîneur-chef
d’Équipe Canada, Russ Herrington. « Elle démontre bien à quel point ça peut
être payant de miser sur sa propre personne. »
« Nous avons vu que c’était une personne et une coéquipière extraordinaire.
Mais l’aspect de son profil qui a le plus évolué au cours de la dernière
année, c’est sa capacité à avoir un impact quand elle est sur la glace. »

Christina Picton et Raphaëlle Tousignant.
Même si le nom de Tousignant ne paraissait pas sur la formation de l’équipe
nationale de parahockey du Canada au début de la saison, ses solides
performances aux divers camps ce printemps ne sont pas passées inaperçues.
« Ce n’est pas seulement le personnel qui l’a remarquée — plusieurs vétérans
de l’équipe se sont également rangés derrière la candidature de Raph »,
explique Herrington. « Notre groupe a senti qu’elle avait mérité sa place au
sein d’Équipe Canada sur la scène mondiale. »
« Je ne m’attendais pas à faire partie de l’équipe qui allait jouer au
tournoi à Moose Jaw. C’était incroyable et surréel d’apprendre la nouvelle
», confie Tousignant. « Je suis vraiment contente pour la fille de 14 ans
que j’étais, qui croyait en elle et qui n’a jamais abandonné son rêve. »
Au Championnat mondial de parahockey sur glace 2023 de la WPIH, présenté à
Moose Jaw, en Saskatchewan, Tousignant espère stimuler un essor encore plus
grand du parahockey féminin.
« Les femmes méritent d’aller aux Jeux paralympiques, d’avoir leur propre
équipe et de compétitionner à ce niveau », affirme-t-elle. « J’espère que
les jeunes filles au Canada ou ailleurs dans le monde me voient et se disent
qu’elles souhaitent m’imiter, car si elles veulent être comme moi, c’est
qu’elles travailleront d’arrache-pied et qu’elles feront grandir notre
sport. »
Avec cette nouvelle réalisation, Tousignant est plus près que jamais de son
rêve de jouer aux Jeux paralympiques.
« Je sais ce que je dois faire pour y arriver, je dois juste me concentrer à
le faire et à rester moi-même. Je pense que c’est possible. »