Des grands sourires, des fous rires et de la pure joie. Les premiers coups
de patin sur une patinoire, pour quiconque adore le hockey, deviennent
rapidement un souvenir impérissable. Mais pour Auren Halbert, c’était bien
plus que cela.
« C’était la première fois que je me retrouvais dans un environnement
compétitif avec des personnes qui avaient un handicap similaire au mien,
c’était merveilleux », confie l’athlète de 22 ans qui est né sans fémur
dans sa jambe gauche.
Jouer au Championnat mondial de parahockey 2024 chez lui, à Calgary, c’est
spécial pour Auren. Il a participé à la ronde préliminaire devant famille et
amis, dont la plupart ont un lien avec l’Association de hockey sur luge deCalgary (CSHA). Cette association représente le point de départ de sa
carrière de parahockeyeur.
« Bon nombre de joueurs d’Équipe Canada ont fait leurs classes au sein de
notre organisation, comme les Cody Dolan, Zach Lavin, Auren et Adam
Kingsmill », explique Alan Halbert, président de la CSHA et fier père
d’Auren. « Mais notre objectif n’est pas de former tout le monde pour
Équipe Canada, nous sommes ici pour que ces personnes se forgent la
meilleure version d’elle-même.
« Le plaisir est mis à l’avant-plan. »
La CSHA est installée dans la ville du Stampede depuis les années 1980,
mais est passée de 20 athlètes à plus de 80 depuis qu’elle est devenue un
organisme constitué en société en 2011. Elle compte un personnel entraîneur
de plus de 20 personnes et plusieurs bénévoles. Des programmes pour tous
les âges et tous les niveaux y sont offerts.
Les équipes sont divisées en fonction de l’âge et du niveau d’habileté. Les
jeunes de moins de 18 ans font partie de l'équipe junior (le Venom) avant
de passer à l'équipe intermédiaire (les Stingers). Les athlètes de haut
niveau ont la possibilité de gravir les échelons plus rapidement. Le club
senior (les Scorpions) offre le plus haut niveau de jeu et participe à des
événements provinciaux et nationaux.
Avec le temps, les Scorpions sont devenus une puissance du parahockey, mais
il y a dix ans, ce n’était pas le cas. Alan a dû apprendre les rudiments de
ce sport pour venir donner un coup de main au sein de la formation.
« J’étais un peu naïf. Je me demandais si j’étais autorisé à jouer. Je n’ai
pas de handicap, donc je n’étais pas certain. Mais le club accueille tout
le monde, c’est vraiment un milieu inclusif ». Alan ajoute qu’il a vu des
personnes sans handicap se réunir pour former une équipe et d’autres
simplement jouer pour appuyer un proche avec un handicap.
« Il a commencé quelques années après moi et au début, il se débrouillait
bien mieux que moi », raconte Auren à propos de son père. « Ça a nourri mon
esprit compétitif; je devais prouver à mon père que j’étais un meilleur
joueur que lui. »
Même s’il ne fait aucun doute que le jeune Halbert est devenu le meilleur
des deux, c’est le dévouement d’Alan et de sa femme Ashley envers la CSHA
qui a eu la plus grande influence sur son engagement envers son sport.
« Tous les efforts que mes parents ont déployés pour l’organisation, c’est
incroyable, lance Auren. C’est vraiment génial de pouvoir bénéficier d'un
tel soutien dans la ville.
« Mes parents sont des passionnés, je trouve ça vraiment inspirant. »
Alan a occupé à peu près tous les postes au sein de l’association :
athlète, entraîneur, membre du conseil d’administration et trésorier. En
2017, il en est devenu le président, mais peu de temps après, il a dû
déménager à Pittsburgh pour le travail. Personne d’autre ne voulant du
poste, il est resté à la barre, accomplissant ses tâches à distance bien
avant que cela ne devienne la norme. Sept ans plus tard, Alan est toujours
le président. Il continue de chercher des moyens de faire progresser la
CSHA.
« Nous jouons un rôle de chef de file pour faire croître le parahockey, non
seulement à Calgary, mais aussi dans les régions et provinces avoisinantes,
relate Alan. Nous avons une bonne relation avec plusieurs équipes qu’Auren
affrontait quand il était jeune au moment où elles venaient de créer leur
programme. Nous étions là pour les aider à se mettre en place ou juste pour
jouer. »
Auren demeure un membre actif de la CSHA. Il s’entraîne et joue parfois
avec l'équipe senior. Il espère aussi tenir un camp estival cette année : «
Je veux enseigner aux autres ce que je connais. »
Mais d’abord, le jeune défenseur doit conclure sa cinquième saison avec
l’équipe nationale de parahockey du Canada, participant à son quatrième
Mondial de parahockey sur la même patinoire où il avait vu pour la première
fois Équipe Canada à l’œuvre il y a 13 ans.
« À la première saison d’Auren, notre implication dans ce sport a vite
commencé à prendre de l’ampleur, et quelques mois plus tard, le Défi
mondial de hockey sur luge a été présenté à Calgary, se souvient Alan.
Auren a été un porte-drapeau sur la glace, il me semble, et ça l’a plongé
dans le parahockey tout en nourrissant sa passion pour ce sport à un jeune
âge.
« Le tournoi en cours vient boucler la boucle. »
Auren sait que le Mondial de parahockey, c’est une occasion pour lui
d’allumer cette même flamme chez d’autres jeunes athlètes et d’initier de
nouvelles personnes qui voudront suivre ce sport. C’est quelque chose qui
le motive. Il est heureux de se donner en spectacle devant les gens qui
l’encouragent depuis ses débuts.
« Je pense que c’est la première occasion pour plusieurs personnes de ma
famille de me voir jouer à ce niveau, ça veut dire beaucoup pour moi,
explique Auren. Les voir dans les estrades pour m’appuyer, les entendre… je
vais me souvenir de ce moment comme l’un des plus beaux de ma vie. »